Zhou Zi Shu (Zhang Zhe Han), capitaine d’une organisation d’assassins aux ordres d’un prince, quitte son poste après des années de bons et loyaux services. Il décide de dédier les trois ans qui lui restent à vivre à déguster du bon vin et profiter du soleil. Malheureusement pour lui, il attire l’attention du mystérieux Wen Ke Xing (Gong Jun), qu’il fascine et qui le suit partout. Ensemble, ils se trouvent mêlés aux intrigues du monde martial.
Il y a quelques années, quand j’ai terminé Guardian, je suis allée chercher les autres romans de l’auteur, Priest, et ai commencé un merveilleux petit livre du nom de Faraway Wanderers. L’histoire m’avait emportée dès le début et j’avais adoré ma lecture avant de sombrer dans les abîmes du désespoir en voyant que j’avais rattrapé la traduction.
C’est donc avec joie que j’ai appris que ce roman allait être adapté en drama… et une certaine consternation que j’ai accueilli l’annonce selon laquelle Zhang Zhe Han jouerait mon cher Zhou Zi Shu. Consciente donc de ce choix d’acteur ainsi que des risques habituels que l’on prend en regardant l’adaptation d’un danmei dont on connaît le roman d’origine, c’est avec une certaine prudence que je me suis lancée.
Une prudence inutile, vraiment.
Quelle surprise !
Comme je l’ai mentionné plus haut, j’étais loin d’être enthousiaste en apprenant que Zhang Zhe Han interprèterait Zhou Zi Shu. Pourquoi ? Parce que je l’ai déjà vu dans deux dramas différents (Legend of Yunxi et The Blooms at Ruyi Pavilion) qui m’ont convaincue qu’il ne sait pas jouer. Mais vous savez quoi ? Il s’avère que j’avais tort.
S’il ne cesse, pour une raison qui m’échappe, de récupérer des rôles de prince froid et inexpressif qui ne lui vont pas du tout, dans la peau du personnage complexe et tout en nuances qu’est Zhou Zi Shu il brille dès les premières minutes de l’épisode 1. Je vous assure que j’ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu’il se passait : comment cet acteur, si raide et inexpressif dans Legend of Yunxi, pouvait-il camper un Zhou Zi Shu aussi vivant et humain ?
Vraiment, il fait un travail formidable. Ses yeux débordent d’émotion, il parvient à changer l’ambiance d’une scène rien qu’en baissant les sourcils d’un demi-centimètre, et c’est souvent lui qui a eu l’idée de ces petits détails qui ont fait se pâmer des millions de fans du monde entier lors de ses scènes avec son partenaire Gong Jun.
J’ai bien entendu ?
Ce n’est un secret pour personne qu’adapter un danmei n’est pas facile. J’en ai vu de qualités diverses et variées, allant du mauvais (Advance Bravely) au convenable (The Sleuth of Ming Dynasty) au « génial jusqu’à ce qu’ils gâchent tout » (Guardian) au formidable (The Untamed). Mais jamais au grand jamais je n’ai imaginé quelque chose comme Word of Honor.
Pour la faire courte, ce drama ne prétend pas dissimuler la nature des sentiments que se portent ses protagonistes. Oui, ils s’aiment, et non, ça n’a rien de platonique. Et comment font-ils pour véhiculer ce message ? Grâce à un usage généreux du symbolisme, mais aussi de poésie, de gros plans pour permettre de lire le dialogue original sur les lèvres des acteurs (croyez-le ou non, il y a un « je t’aime »), et ainsi de suite.
(Pour ceux que cela intéresse et qui sont à l’aise en anglais, n’hésitez pas à aller regarder les vidéos d’AvenueX sur la question ici.)
Un délice
Les interactions de Wen Ke Xing et Zhou Zi Shu sont ainsi le pilier du drama, j’ai vraiment adoré leur dynamique. Deux hommes tellement ravagés par la vie qu’ils n’en voient plus l’intérêt, et dont la rencontre leur donne enfin un but, une raison de vivre. Ensemble, ils apprennent à aimer, à se pardonner, et fondent une nouvelle famille. Ils sont complètement différents l’un de l’autre, mais complémentaires et égaux en toute chose. (C’est particulièrement rafraîchissant quand on connaît un peu les problèmes de dynamiques de pouvoir qui gangrènent le genre du BL.)
L’un, de nature sobre et peu loquace, évite l’attention et observe en silence, tandis que l’autre, extravagant et volubile, attire l’œil, sa lumière offrant à son compagnon l’ombre dont il a besoin pour évoluer. De leurs danses de couple duels à leurs joutes verbales, ils tombent à égalité. Et s’ils n’accordent pas leur confiance aisément, une fois qu’elle est donnée, ils se dévouent corps et âme, se comprennent d’un regard, se soutiennent quoi qu’il arrive. Ils sont parfaits.
Et ce qui rend cette histoire encore meilleure, c’est que quand on y réfléchit, ni Wen Ke Xing ni Zhou Zi Shu ne devrait être le protagoniste de cette histoire. C’est plutôt leur protégé, Zhang Cheng Ling, qui en remplit toutes les conditions. Au lieu de cela, Priest a choisi de faire un pas sur le côté et de raconter l’histoire de ses mentors, deux méchants à la retraite.
Conte d’amour et de vie
Par ailleurs, un autre aspect que j’aime beaucoup et que j’ai mentionné dans mon babillage énamouré sur Soompi, c’est que cette histoire parle d’apprécier la vie et tous les petits bonheurs qu’elle a à offrir.
C’est un drama dans lequel il ne fait pas nécessairement bon vivre, mais qui souligne l’importance de profiter de l’instant présent, de chaque rencontre, chaque moment en compagnie de ceux que l’on aime. Le message n’est pas forcé, mais il se lit dans la posture de Wen Ke Xing, à table avec son âme-sœur, les yeux clos et le visage tourné vers le soleil, un petit sourire aux lèvres. Ou dans celle de Zhou Zi Shu, allongé à même le sol, les yeux mi-clos et les traits détendus pendant qu’il savoure son vin. Bien sûr, Wen Ke Xing et Zhou Zi Shu ont leur grands moments de sacrifice et de soutien mutuel, mais ce sont ces petits gestes d’intimité ordinaire qui ont, je trouve, le plus d’impact.
Mais il y a un mais…
Malheureusement, cette belle histoire d’amour est un peu la seule chose qui porte vraiment le drama, et je n’ai pas accroché autant aux autres personnages. Certes, j’ai bien aimé Zhang Cheng Ling, Gu Xiang et Cao Wei Ning, mais j’ai eu du mal à vraiment croire à la romance de Gu Xiang et Cao Wei Ning, et les intrigues des méchants ne m’ont inspiré que l’indifférence la plus totale.
J’ai aussi été extrêmement déçue par les cinq derniers épisodes. Ils se rappellent soudain que la fin est proche, qu’il faut boucler tout ça, et laissent ainsi passer des choses qui auraient dû faire l’objet d’au moins une conversation. J’ai un exemple spécifique en tête d’une (très mauvaise) décision dont les conséquences sont à peine abordées, conséquences dont la révélation est péniblement coincée dans un flashback de trente secondes. Cela nous prive des réactions qui s’imposaient, pour favoriser une conclusion hâtive de l’intrigue alors qu’on aurait préféré que nos protagonistes discutent un peu.
Bref…
Malgré d’énormes problèmes financiers, la perte de ses acteurs principaux, et des retards de production dus à la pandémie, Word of Honor parvient à proposer une adaptation de danmei de qualité. C’est une histoire emplie de poésie, de rédemption, d’espoir et de guérison, et qui a reçu beaucoup d’amour de ceux qui ont travaillé dessus, et en retour, de son audience.
Si l’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard et la fin souffre d’une accélération excessive du rythme de l’histoire, ce drama demeure l’une des meilleures sorties de 2021, ne serait-ce que pour ses deux personnages principaux—des figures complexes et bien écrites interprétées avec justesse par des acteurs investis, compétents et talentueux.
Titre : Word of Honor
Nationalité : Chinoise
Avec : Zhang Zhe Han, Gong Jun, Zhou Ye, Ma Wen Yuan, Sun Xi Lun
Date de diffusion : 22/02/2021 au 23/03/2021
Nombre d’épisodes : 37 (36 + 1 pour la fin)
Genres : Wuxia, LGBTQ+, BL, Romance, Action & aventure, Arts martiaux
Ma note : ★★★★★
Lire le roman : Faraway Wanderers (en anglais)
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