Dongbo Xue Ying (Xu Kai), héritier d’un fief enneigé, s’entraîne jour et nuit dans l’espoir de devenir assez puissant pour un jour venger son père et délivrer sa mère, prisonnière des forces démoniaques. Mais quand il rencontre la belle Yu Jing Qiu (Guli Nazha), il se trouve impliqué dans la lutte pour empêcher le retour du Seigneur des Ténèbres.
Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas très bien ce qui m’a poussée à terminer Snow Eagle Lord. Nous savons qu’un premier épisode n’est jamais gage de qualité pour un drama, mais ici, l’intégralité de la série s’est malheureusement montrée à la hauteur de son pilote, c’est-à-dire au ras des pâquerettes…
Le morceau de sucre
Commençons quand même par le positif, car il y en a : Xu Kai a clairement travaillé ses techniques de lancier, même si les mouvements restent les mêmes du début à la fin de la série, et les scènes de combat sont globalement bien travaillées. Guli Nazha, quant à elle, fait également du très bon travail quand il s’agit de ses sorts.
J’ai aussi bien aimé le caractère posé et mature de leurs personnages, même si cela aurait été intéressant de les voir perdre leur calme de temps en temps.
Malheureusement, les aspects positifs s’arrêtent là.
Ça te barbera
Ainsi, outre des dialogues creux et répétitifs à souhait, le principal problème de Snow Eagle Lord est le manque de consistance de ses personnages. Dongbo Xue Ying a beau être tout à fait charmant et mature, son incapacité à s’énerver le rend pratiquement inhumain. Cet aspect de sa personnalité me rappelle d’ailleurs le protagoniste de Noble Aspirations. Quant à Yu Jing Qiu, qui commence par être une cultivatrice de talent, elle passe finalement les deux-tiers du drama à combattre cinq minutes avant de s’évanouir ou de se figer au beau milieu du champ de bataille, forçant l’un ou l’autre de ses compagnons à venir à son secours. Cela devient carrément ridicule dans la dernière ligne droite du drama, où elle en vient à se pâmer deux voire trois fois par épisode.
Les relations des personnages sont taillées du même bois : que ce soit le couple principal, secondaire, ou les divers duos maître/élève qui figurent dans l’histoire, ils ne partagent aucun moment d’émotion, aucun secret, aucune valeur. Ils se connaissent à peine, apparaissent ensemble deux minutes trente-cinq à tout casser, mais leurs « grands moments » sont traités comme si l’on avait passé des épisodes entiers à approfondir leur relation. Sauf qu’il n’y a que de l’air, et du coup, on s’en fiche complètement.
D’ailleurs, les premiers épisodes qui prennent place à l’académie Changfeng (l’école de magie) sont vraiment risibles: à peine arrivés, ces jeunes gens, censés être les plus prometteurs de leur génération et briguer rien de moins que l’immortalité, révèlent que leur véritable passion dans la vie, c’est de se trouver une moitié. Ainsi, le groupe à peine assemblé et les présentations même pas encore faites, voilà donc une ribambelle de garçons qui fait les yeux doux aux deux seules filles du lot, tandis qu’elles, bien entendu, n’ont d’attention que pour le héros. Inutile de préciser que leur entichement se base exclusivement sur leur caractéristiques physiques plutôt que leur personnalité.
La faiblesse
Par ailleurs, j’ai été frappée par la faiblesse générale des personnages de Snow Eagle Lord. Pour des gens qui ont passé leur vie à cultiver leurs arts martiaux et sont révérés comme des demi-dieux, les aînés du conseil sont incapables de faire quoi que ce soit individuellement : c’était assez drôle de les voir se déplacer en troupeau où qu’ils aillent, comme s’ils n’avaient rien de mieux à faire.
Leur attitude assez laxiste n’arrangeait rien à l’affaire : j’ai beau ne pas être une inconditionnelle du carcan hiérarchique dans lequel les personnages sont souvent enfermés dans les dramas en costume, mais là l’inverse était tout aussi gênant. Xue Ying, jeune paysan tout droit débarqué de son fief paumé, peut déambuler comme bon lui semble dans la salle du conseil et obtenir une audience dans la minute (encore une fois, ces prétendus chefs de secte n’ont-ils vraiment rien de mieux à faire de leurs journées ?), et la quantité de passe-droits qui lui est accordée sombre assez rapidement dans l’invraisemblable.
Force est également de constater la faiblesse d’esprit de certains, que ce soit celui qui réussit à céder au chantage pour protéger un relatif inconnu, celui qui entend une information capitale et qui, au lieu d’aller la rapporter à qui de droit, révèle sa présence avant de tourner le dos aux traîtres, ou celui qui passe son temps à pleurnicher que personne ne l’aime donc il va devenir le plus fort et il leur montrera, na ! (Petit spoiler : tout ce qu’il montrera, c’est sa vilaine bobine à l’écran. Encore. Et encore. Et encore.)
De tout ceci découle, bien entendu, une flopée de conflits artificiels, tirés par les cheveux et franchement exaspérants, dont le seul but est clairement de faire traîner l’histoire jusqu’au nombre désiré d’épisodes (pas de chance, il leur a ensuite fallu tout découper à la hache pour se conformer aux nouvelles règles).
Une brève histoire du temps
Enfin, la gestion du temps est exécrable. L’histoire ne propose aucun repère, ce qui fait qu’on a l’impression que tout tombe tout cuit dans les bras de Xue Ying, dont tous les succès semblent se produire du jour au lendemain. Ainsi, il prend son petit-déjeuner, franchit des barrières supposées très difficiles à surmonter avant le repas de midi, surpasse des cultivateurs qui s’entraînent depuis des années au goûter, et inscrit son nom au panthéon des demi-dieux avant la fin de la semaine. J’exagère un peu, bien sûr, mais c’est vraiment l’impression que donne le drama tant il ne donne aucun indice au spectateur sur le passage du temps.
Le problème, c’est que les progrès de Xue Ying et ses exploits deviennent donc de plus en plus difficiles à avaler au fur et à mesure que le drama progresse, et la crédibilité de l’histoire, qui ne volait déjà pas bien haut, en prend un coup.
Cela m’a un peu rappelé Solo Leveling, au final : le protagoniste en bave au début de l’histoire, mais une fois lancé, c’est une véritable fusée, et des personnages que l’on présentait depuis des lustres comme des monstres de puissance se retrouvent à manger la poussière de son sillage sans même avoir pu être développés ou avoir fait leurs preuves. Et quand d’aventure on les voit se battre, ils galèrent autant que les fantassins de base avant d’en venir aux mains et de tomber comme des mouches. En d’autres termes : c’est très décevant et un véritable gâchis de potentiel, et cela d’autant plus que contrairement à Solo Leveling, on ne perçoit même pas la différence de puissance d’un stade à l’autre.
Et la production, dans tout ça ?
Oui, parlons-en, de la production. Pour une drama avec des têtes d’affiches aussi connues, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi laid. Entre le sable blanc censé figurer de la neige qui rend les scènes d’action complètement illisibles, le plastique dans les costumes de Guli Nazha, les affreux fonds verts, les énormes noms de techniques bazardés sur l’image, les inserts illustrés sortis de nulle part et les « rochers » en carton-pâte… Il paraît que la boîte qui a produit ce petit bijou est au bord de la banqueroute, eh bien cela ne me surprend pas le moins du monde !
Bref…
Une histoire sans queue ni tête, une production lamentable et des personnages insipides… Le plus drôle, dans tout cela, c’est que Snow Eagle Lord a très clairement été allongé autant que possible afin de produire un maximum d’épisodes, avant de se faire redécouper à la hache pour se conformer aux nouvelles règlementations. Il y avait tant de potentiel dans cette histoire… et ils ont tout gâché. Fuyez, vraiment. Ou, si vous tenez vraiment à le voir, faites-en un jeu à boire. Au moins, vous vous amuserez un peu.
Titre : Snow Eagle Lord
Nationalité : Chinoise
Avec : Xu Kai, Guli Nazha, Bai Shu
Date de diffusion : 21/06/2023 au 14/07/2023
Nombre d’épisodes : 40
Genres : Xianxia, Action et Aventure, Arts martiaux, Romance
Ma note : ★☆☆☆☆
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