Né d’une concubine, le prince Gwanghae (Seo In-Guk) est le second de quatre frères. Entraîné malgré lui dans des machinations politiques ayant pour but de le faire monter sur le trône, il est officiellement proclamé héritier du roi Seonjo, et subit menaces de déposition et tentatives d’assassinat pendant les 16 années qui précèdent son couronnement. C’est en usant de sa capacité à lire les visages que Gwanghae accède au trône de Joseon.
Quand j’ai commencé The King’s Face, je mourais d’envie de voir un Sageuk, et malheureusement, cette année, il n’y a pas grand-chose de ce genre au programme. Après la déception de Night Watchman, je voulais quelque chose qui claque. The King’s Face a presque rempli cet objectif, mais s’est révélé bien inégal: si la musique, les prises de vue et les acteurs étaient — globalement — au rendez-vous, le scénario peinait à suivre. Certains épisodes étaient absolument géniaux alors que d’autres étaient ennuyeux à mourir, et les ellipses étaient trop prononcées pour être crédibles: à part quelques poils au menton, personne ne prenait la moindre ride, et les femmes, quant à elles, ne changeaient pas du tout.
Voici donc un drama peut-être un poil plus réaliste que d’ordinaire au niveau de la situation politique: la reine étant stérile, le roi s’est entouré de cinq concubines, dont il a eu 4 fils. En conséquence, aucun d’entre eux n’a été désigné prince héritier, ce qui donne lieu à des guerres intestines, chaque politicien ayant bien entendu son poulain, et intriguant à qui mieux-mieux avec sa génitrice pour le mettre sur le trône. Le roi, trop occupé à complexer à cause de son visage, n’y voit que du feu, et fait une fixette sur son deuxième fils, Gwanghae, qui a, lui, le « visage du roi ».
Si vous le dites…
J’avoue avoir un peu de mal avec le scénario. L’idée qu’on est roi ou pas en fonction de son visage est quand même sacrément tirée par les cheveux, et même en acceptant cela, on tombe assez vite dans une série de clichés assez fatigants. Du style les quiproquos qui s’enchaînent à partir de l’épisode 3, le héros qui avoue un méfait qu’il n’a pas commis, le père de l’un qui fait exécuter celui de l’autre, l’ellipse, le désir de vengeance, etc., etc. Au moins, ils ont eu la décence de tuer le triangle amoureux assez vite. C’est d’ailleurs l’un des points positifs de ce drama: la romance s’écarte (un peu) des sentiers battus. Un bon point pour les scénaristes.
Il est bien mignon, ce petit prince
Force est d’admirer la force de caractère de ce prince loyal non seulement à son père, mais également à son frère aîné, qui aime tous ses frères jusqu’à donner sa vie pour eux, et qui est prêt à se sacrifier pour préserver la femme qu’il aime tout comme sa famille. Il est même tellement parfait que, par moments, on a envie de le secouer comme un prunier. Au final, il se retrouve embarqué dans une série d’intrigues initiées par d’autres qui sont convaincus qu’il attend son heure alors que tout ce qu’il demande, c’est qu’on lui fiche la paix.
Bien que la piété filiale de Gwanghae soit tout à fait admirable, j’aurais quand même apprécié qu’elle ne soit pas poussée à l’extrême et qu’il se dresse contre son père de manière un peu plus ouverte. Bien sûr, la prise de position des scénaristes était compréhensible au vu de la précarité du statut du prince et de ses mauvaises relations avec son père, mais cela m’aurait fait du bien qu’il redresse un peu l’échine et tienne tête à cette vieille bourrique de Seonjo.
C’est un personnage fort sympathique, auquel on s’attache assez rapidement pour sa loyauté et ses principes moraux (une rareté à l’époque), d’autant plus précieux étant donnée sa situation familiale. Si le jeune Seo In-Guk n’est pas un acteur aussi charismatique et talentueux que, mettons Kim Soo-Hyun (You From Another Star) ou Lee Min-Ho (City Hunter, Faith), il n’est néanmoins pas mauvais du tout et plutôt convaincant. Son jeu est souvent surfait, mais je pense qu’on peut le lui pardonner au vu de sa très courte carrière: n’ayant commencé qu’en 2012, il est encore très « jeune », et a, je le pense vraiment, un bel avenir devant lui. (Le sourire espiègle aide aussi.)
Shin Sung-Rok, éternel méchant
Shin Sung-Rok, de son côté, que l’on voit partout depuis son rôle de grand méchant pas beau dans You From Another Star, campe un personnage moralement ambigu qui lui va comme un gant. On ne sait vraiment pas sur quel pied danser quand on en vient à Kim Do-Chi, car si ses intentions sont apparemment louables, les moyens auxquels il se montre disposé à recourir, eux, le sont beaucoup moins. Sa propension à sacrifier ses propres hommes — voire même à les exécuter lui-même pour ensuite rejeter la faute sur quelqu’un d’autre — en fait quelqu’un de positivement répugnant.
En fait, il devient, au fil du drama, un véritable poison, car la tragédie de ce personnage, c’est qu’il est aveuglé par son ambition tout comme « l’amour » qu’il porte à Ga-Hee, et qui le pousse à faire n’importe quoi — comme se parjurer, par exemple — par pure jalousie. Au final, le personnage perd en saveur à partir du moment où il devient un véritable méchant. Cela m’a déçue, car il avait un gros potentiel.
Le roi Seonjo est aussi très ambigu: bien qu’il s’efforce de faire de son mieux, il continue, persuadé que son visage est maudit, de prendre des décisions complètement délirantes, et est au passage dévoré par la jalousie envers son fils cadet, si sincère, prometteur et dévoué. C’est ainsi qu’il ne cesse de le brimer et de mettre en place des stratégies tordues pour le rabaisser voire même s’en débarrasser, ce qui est finalement assez triste, puisque Gwanghae, franc comme l’or, n’a en tête que le plus grand bien de tous (son père inclus, et non, je ne l’entends pas au sens « au détriment de quelques-uns »).
*Soupir*
Le personnage de Kim Ga-Hee, interprétée par Jo Yoon-Hee, m’a laissée de marbre. Elle était même assez agaçante par moments, et le scénario ayant sombré dans des clichés abyssaux en ce qui la concerne, elle n’avait vraiment rien pour l’aider. L’actrice était par ailleurs plutôt plate dans son jeu, fade, et montrait autant d’émotion qu’un rideau de douche, c’est-à-dire qu’elle était limitée à ouvrir des yeux grands comme des soucoupes et pousser des soupirs de mourante chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Je ne suis pas sûre que les scénaristes aient eu en tête un personnage bête comme ses pieds, mais vu qu’il lui faut deux minutes entières pour répondre un simple « non », peut-être était-ce finalement le cas.
De bons persos
Les deux eunuques sont en revanche plutôt sympathiques, et appartiennent à la catégorie « surprises » de King’s Face: entre Young Shin, l’eunuque du prince qui sait se rendre utile (et taper les méchants) et l’eunuque du roi, Song, qui est rusé comme un renard (un grand plus pour son petit sourire en coin), on est plutôt bien servi.
Une très belle surprise par ailleurs dans la dernière partie du drama avec l’apparition de Heo-Gyun, un personnage désopilant d’excentricité et de charisme. Sa rivalité amicale avec Yong-Shin (l’eunuque de Gwanghae, rappelons-le) tire plus d’un sourire au spectateur, de même que ses manières évaporées et — soyons franche — efféminées. Son arrivée tardive dans la série lui permet de garder toute sa saveur, sans pour autant l’empêcher de se faire une place parmi les principaux atouts du drama. Bravo.
C’est au milieu de la série que l’on voit le grand roi en train de se former en Gwanghae. Petit à petit, il réunit des fidèles, et j’ai beaucoup aimé cette dynamique du chef qui n’hésite pas à se salir les mains aux côtés de ses soldats, à boire avec eux, à les serrer dans ses bras. Ce prince, qui était au final très seul, se crée peu à peu des appuis certes parmi le peuple, mais d’autant plus puissants qu’ils sont nombreux. Le pouvoir vient du peuple, et Gwanghae, de par son désir sincère de ne pas abandonner ses sujets, s’en fait aimer. Il y a d’ailleurs dans l’épisode 15 une scène absolument inoubliable qui le prouve. (Je l’avoue, la romantique échevelée que je suis a un énorme faible pour les leaders charismatiques que leurs hommes adorent au point de mourir pour eux.)
Décollage raté
Malheureusement, alors que je pensais que la série allait enfin décoller (les épisodes 13 à 15 sont excellents), je me suis à nouveau ennuyée après, sans doute parce que l’on retombait dans des machinations politiques à n’en plus finir, à grand renfort d’arrestations, d’intrigues complètement démentielles et de comportement irrationnels de la part des uns et des autres.
Il est, au final, assez triste de voir tous ces personnages se laisser manipuler par leur foi en un concept franchement tiré par les cheveux. Je prends pour exemple la première rencontre entre Kim Do-Chi et le lecteur de visages du roi, qui se conclut ainsi: « nos visages se repoussent mutuellement, donc l’un d’entre nous va mourir ». Bon… Et vous ne pourriez pas, je ne sais pas, ignorer vos visages respectifs, vous serrer la main et faire votre travail normalement? Non? Ah. (D’ailleurs, il me semble que cette partie de l’intrigue passe à la trappe, ne cherchons pas pourquoi…)
Côté production
Côté artistique, The King’s Face est soutenu par de très belles prises de vue, une OST agrémentée de jolis morceaux de piano, mais gangrenée par des pistes tout droit sorties de Faith, à la note près, ce qui est assez exaspérant. Ce n’est pas la première fois que je retrouve la même OST dans deux dramas différents, mais je trouve qu’il ne faut pas exagérer: on retrouve ici au moins deux morceaux de Faith — qui est, au passage, l’un de mes dramas préférés, alors halte au sacrilège!
Et enfin, le générique de début est l’un des plus beaux que j’ai vus, avec celui de The Princess’ Man.
Bref…
Un drama qui vaut le coup d’œil, mais que l’on peut se permettre, exception faite des épisodes 13 à 15, de regarder un peu vite.
Titre: The King’s Face
Nationalité: Sud-Coréenne
Avec: Seo In-Guk, Shin Sung-Rok, Jo Yoon-He, Lee Sung-Jae
Date de diffusion: 19/11/2014 au 05/02/2015
Nombre d’épisodes: 23
Genres: Historique, Politique, Romance, Action.
Ma note: ★★★★☆
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